Depuis, un premier roman tiré de ce trésor et publié par Gallimard en mai, Guerre (192 pages, 19 euros), est devenu un best-seller (154 000 exemplaires à ce jour). Pourtant, un mystère demeurait : comment cette malle de manuscrits était-elle parvenue jusqu’à M. Thibaudat ? Et, surtout, qui la lui avait remise ?
Lire aussi (2021) : Article réservé à nos abonnés Des milliers de feuillets inédits : les trésors retrouvés de Louis-Ferdinand Céline
L’ancien journaliste refusait de le dire, y compris aux enquêteurs de la police judiciaire chargés de l’interroger à ce sujet. Mais, coup de théâtre, le 10 août, dans la torpeur de l’été, il révèle sur son blog (hébergé par Mediapart) l’identité des donateurs : la famille d’Yvon Morandat, célèbre résistant et ex-secrétaire d’Etat de Georges Pompidou. Une hypothèse évoquée, parmi d’autres, par Le Monde en août 2021, mais qui permet aujourd’hui de retracer le parcours de la fameuse « malle aux manuscrits » et, au passage, de nuancer quelque peu la « légende noire » propagée à ce propos par Céline lui-même. Car, ironie de l’histoire, c’est bien un grand résistant qui a sauvé un pan entier de l’œuvre de l’écrivain, auteur de furieux pamphlets antisémites et ami des Allemands.
Le résistant et gaulliste Yvon Morandat, chez lui, le 7 juin 1968.
L’affaire commence au printemps 1944. Avec le Débarquement et la Libération de Paris qui se profile, Louis-Ferdinand Céline sait que ses jours sont comptés sur la butte Montmartre, où il vit avec son épouse, Lucette. Le 17 juin, après avoir cousu des pièces d’or dans la doublure d’une veste, le couple, accompagné de son chat, Bébert, file pour l’Allemagne, avant de s’exiler au Danemark.
Dans sa précipitation, le romancier ne peut emporter ses manuscrits. La mort dans l’âme, il les abandonne sur une armoire de son appartement de la rue Girardon. C’est le début d’un feuilleton obsessionnellement alimenté par l’écrivain jusqu’à son décès, en 1961 : à peine aurait-il quitté Montmartre que des « épurateurs », comme il dit, lui auraient volé les feuillets. « Ils m’ont rien laissé… pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit… », se plaint-il ainsi dans D’un château l’autre (1957). Il accuse même nommément de ce pillage un « juif corse », Oscar Rosembly, qui fera figure de coupable idéal soixante-quinze ans durant.
Il vous reste 77.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
title: “Comment Les In Dits De C Line Ont T Sauv S Par Un Grand R Sistant Klmat” ShowToc: true date: “2022-11-19” author: “Ilona Benson”
Depuis, un premier roman tiré de ce trésor et publié par Gallimard en mai, Guerre (192 pages, 19 euros), est devenu un best-seller (154 000 exemplaires à ce jour). Pourtant, un mystère demeurait : comment cette malle de manuscrits était-elle parvenue jusqu’à M. Thibaudat ? Et, surtout, qui la lui avait remise ?
Lire aussi (2021) : Article réservé à nos abonnés Des milliers de feuillets inédits : les trésors retrouvés de Louis-Ferdinand Céline
L’ancien journaliste refusait de le dire, y compris aux enquêteurs de la police judiciaire chargés de l’interroger à ce sujet. Mais, coup de théâtre, le 10 août, dans la torpeur de l’été, il révèle sur son blog (hébergé par Mediapart) l’identité des donateurs : la famille d’Yvon Morandat, célèbre résistant et ex-secrétaire d’Etat de Georges Pompidou. Une hypothèse évoquée, parmi d’autres, par Le Monde en août 2021, mais qui permet aujourd’hui de retracer le parcours de la fameuse « malle aux manuscrits » et, au passage, de nuancer quelque peu la « légende noire » propagée à ce propos par Céline lui-même. Car, ironie de l’histoire, c’est bien un grand résistant qui a sauvé un pan entier de l’œuvre de l’écrivain, auteur de furieux pamphlets antisémites et ami des Allemands.
Le résistant et gaulliste Yvon Morandat, chez lui, le 7 juin 1968.
L’affaire commence au printemps 1944. Avec le Débarquement et la Libération de Paris qui se profile, Louis-Ferdinand Céline sait que ses jours sont comptés sur la butte Montmartre, où il vit avec son épouse, Lucette. Le 17 juin, après avoir cousu des pièces d’or dans la doublure d’une veste, le couple, accompagné de son chat, Bébert, file pour l’Allemagne, avant de s’exiler au Danemark.
Dans sa précipitation, le romancier ne peut emporter ses manuscrits. La mort dans l’âme, il les abandonne sur une armoire de son appartement de la rue Girardon. C’est le début d’un feuilleton obsessionnellement alimenté par l’écrivain jusqu’à son décès, en 1961 : à peine aurait-il quitté Montmartre que des « épurateurs », comme il dit, lui auraient volé les feuillets. « Ils m’ont rien laissé… pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit… », se plaint-il ainsi dans D’un château l’autre (1957). Il accuse même nommément de ce pillage un « juif corse », Oscar Rosembly, qui fera figure de coupable idéal soixante-quinze ans durant.
Il vous reste 77.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
title: “Comment Les In Dits De C Line Ont T Sauv S Par Un Grand R Sistant Klmat” ShowToc: true date: “2022-10-24” author: “Donald Powers”
Depuis, un premier roman tiré de ce trésor et publié par Gallimard en mai, Guerre (192 pages, 19 euros), est devenu un best-seller (154 000 exemplaires à ce jour). Pourtant, un mystère demeurait : comment cette malle de manuscrits était-elle parvenue jusqu’à M. Thibaudat ? Et, surtout, qui la lui avait remise ?
Lire aussi (2021) : Article réservé à nos abonnés Des milliers de feuillets inédits : les trésors retrouvés de Louis-Ferdinand Céline
L’ancien journaliste refusait de le dire, y compris aux enquêteurs de la police judiciaire chargés de l’interroger à ce sujet. Mais, coup de théâtre, le 10 août, dans la torpeur de l’été, il révèle sur son blog (hébergé par Mediapart) l’identité des donateurs : la famille d’Yvon Morandat, célèbre résistant et ex-secrétaire d’Etat de Georges Pompidou. Une hypothèse évoquée, parmi d’autres, par Le Monde en août 2021, mais qui permet aujourd’hui de retracer le parcours de la fameuse « malle aux manuscrits » et, au passage, de nuancer quelque peu la « légende noire » propagée à ce propos par Céline lui-même. Car, ironie de l’histoire, c’est bien un grand résistant qui a sauvé un pan entier de l’œuvre de l’écrivain, auteur de furieux pamphlets antisémites et ami des Allemands.
Le résistant et gaulliste Yvon Morandat, chez lui, le 7 juin 1968.
L’affaire commence au printemps 1944. Avec le Débarquement et la Libération de Paris qui se profile, Louis-Ferdinand Céline sait que ses jours sont comptés sur la butte Montmartre, où il vit avec son épouse, Lucette. Le 17 juin, après avoir cousu des pièces d’or dans la doublure d’une veste, le couple, accompagné de son chat, Bébert, file pour l’Allemagne, avant de s’exiler au Danemark.
Dans sa précipitation, le romancier ne peut emporter ses manuscrits. La mort dans l’âme, il les abandonne sur une armoire de son appartement de la rue Girardon. C’est le début d’un feuilleton obsessionnellement alimenté par l’écrivain jusqu’à son décès, en 1961 : à peine aurait-il quitté Montmartre que des « épurateurs », comme il dit, lui auraient volé les feuillets. « Ils m’ont rien laissé… pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit… », se plaint-il ainsi dans D’un château l’autre (1957). Il accuse même nommément de ce pillage un « juif corse », Oscar Rosembly, qui fera figure de coupable idéal soixante-quinze ans durant.
Il vous reste 77.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
title: “Comment Les In Dits De C Line Ont T Sauv S Par Un Grand R Sistant Klmat” ShowToc: true date: “2022-12-18” author: “Vera Brumley”
Depuis, un premier roman tiré de ce trésor et publié par Gallimard en mai, Guerre (192 pages, 19 euros), est devenu un best-seller (154 000 exemplaires à ce jour). Pourtant, un mystère demeurait : comment cette malle de manuscrits était-elle parvenue jusqu’à M. Thibaudat ? Et, surtout, qui la lui avait remise ?
Lire aussi (2021) : Article réservé à nos abonnés Des milliers de feuillets inédits : les trésors retrouvés de Louis-Ferdinand Céline
L’ancien journaliste refusait de le dire, y compris aux enquêteurs de la police judiciaire chargés de l’interroger à ce sujet. Mais, coup de théâtre, le 10 août, dans la torpeur de l’été, il révèle sur son blog (hébergé par Mediapart) l’identité des donateurs : la famille d’Yvon Morandat, célèbre résistant et ex-secrétaire d’Etat de Georges Pompidou. Une hypothèse évoquée, parmi d’autres, par Le Monde en août 2021, mais qui permet aujourd’hui de retracer le parcours de la fameuse « malle aux manuscrits » et, au passage, de nuancer quelque peu la « légende noire » propagée à ce propos par Céline lui-même. Car, ironie de l’histoire, c’est bien un grand résistant qui a sauvé un pan entier de l’œuvre de l’écrivain, auteur de furieux pamphlets antisémites et ami des Allemands.
Le résistant et gaulliste Yvon Morandat, chez lui, le 7 juin 1968.
L’affaire commence au printemps 1944. Avec le Débarquement et la Libération de Paris qui se profile, Louis-Ferdinand Céline sait que ses jours sont comptés sur la butte Montmartre, où il vit avec son épouse, Lucette. Le 17 juin, après avoir cousu des pièces d’or dans la doublure d’une veste, le couple, accompagné de son chat, Bébert, file pour l’Allemagne, avant de s’exiler au Danemark.
Dans sa précipitation, le romancier ne peut emporter ses manuscrits. La mort dans l’âme, il les abandonne sur une armoire de son appartement de la rue Girardon. C’est le début d’un feuilleton obsessionnellement alimenté par l’écrivain jusqu’à son décès, en 1961 : à peine aurait-il quitté Montmartre que des « épurateurs », comme il dit, lui auraient volé les feuillets. « Ils m’ont rien laissé… pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit… », se plaint-il ainsi dans D’un château l’autre (1957). Il accuse même nommément de ce pillage un « juif corse », Oscar Rosembly, qui fera figure de coupable idéal soixante-quinze ans durant.
Il vous reste 77.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.