Amie, 12 ans, “très heureuse”, a été invitée à une soirée pyjama “pour la première fois” avec sa meilleure amie Sherine. Il l’accompagne au feu d’artifice du 14 juillet, tandis qu’Anna et le reste de la famille assistent depuis les hauteurs de Nice. L’air est doux, l’ambiance de la Promenade des Anglais est festive. A 22h22 fin du feu d’artifice. Dix minutes plus tard, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel démarre au “Prom” à toute allure, feux éteints, dans le camion frigorifique blanc de 19 tonnes qu’il a loué.
PODCAST. “Attaque à Nice, les enfants du 14 juillet” Le 14 juillet 2016, un camion s’écrase sur la Promenade des Anglais, tuant 86 personnes, dont 15 mineurs. Alors que le procès s’ouvre, David Di Giacomo est allé à la rencontre de ceux dont la vie a été bouleversée par cet attentat. Un podcast en cinq épisodes à écouter sur franceinfo et l’appli Radio France. A 22h48, Bouchra, la mère de Sherine, a appelé Anne Gourvès : “Elle m’a dit, mot pour mot : ‘Anne, il y a eu une attaque au Prom. Nos filles sont blessées, mon fils est mort.” Anne Gourvès se précipite sur la Promenade des Anglais. Elle se souvient : “C’est inimaginable. Ce que je vois tout de suite, ce sont des cadavres, recouverts de nappes blanches. » Elle finit par voir Amie. Quatre personnes déplacent sa fille, à l’aide d’une couverture, et la mettent dans une voiture de police. « Je suis assise en tailleur à côté. L’amie est blessée, comme si elle était tombée d’un vélo, dit-elle. Elle n’est pas médicamentée, donc ça n’a pas d’importance pour moi.” Amie est décédée aux urgences d’une hémorragie interne. Elle était l’un des 15 enfants qui sont morts cette nuit-là. Au total, 86 personnes ont perdu la vie dans l’attentat de Nice. 434 ont été blessés, dont 42 enfants. Landy, 11 ans, en fait partie. “Dans la vie, quand on se fait percuter par un camion, on n’a pas beaucoup de chance de survivre. On a eu beaucoup de chance de survivre”, confie-t-il sur le podcast “Les enfants du 14-juillet”, au micro de David. Di Giacomo. Parmi les adultes blessés se trouve Stéphanie Marton. Elle était venue au feu d’artifice avec ses cinq enfants. Blessée aux deux genoux, elle n’a pas pu reprendre son travail et marche désormais avec une canne. “Il nous a pris une partie de notre vie, confie cette mère. La suite a été la plus difficile.” La suite est la reconstruction. Stéphanie et ses enfants quittent Nice en direction de Cherbourg. Elle espérait que ses enfants, et surtout ses jumeaux, Matthias et Lazard, retrouveraient en Normandie la paix qu’ils avaient perdue à Nice. Aujourd’hui, plus de six ans après l’attentat, les deux jeunes de 13 ans ne sortent pas seuls. “Dès que je sors, je fais une crise d’angoisse, raconte Matias. Les seules fois, c’est quand j’ai un rendez-vous ou quand je dois sortir le chien.” Et son jumeau Lazard ne dit rien de plus : “Je ne peux pas sortir seul. Dès qu’il y a un camion blanc ou quelque chose comme ça, je m’inquiète.” Suite aux conseils d’un psychiatre, en 2017 la famille adopte la petite Naïa, un jeune labrador. “L’emmener dehors, jouer avec elle dehors, leur a donné envie de sortir un peu. Le chien a beaucoup aidé. Même si ce n’est pas encore ça, il y a mieux”, confie Stéphanie, un peu soulagée. Ces symptômes de stress post-traumatique ne sont pas trop inhabituels après une telle attaque, selon le professeur Florence Askenazy. “Chez les tout-petits, on observe souvent une agitation avec un profil d’enfants hyperactifs, qui peuvent avoir de nombreuses crises de colère ou avoir une mauvaise qualité de sommeil”, explique le chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Lenval de Nice. “Chez les 6-12 ans, on observe plutôt une généralisation des peurs et des angoisses de séparation. Et chez les plus grands, on a plus de symptômes du genre addictions, danger et crises parfois suicidaires.” Pour répondre aux conséquences spécifiques du stress post-traumatique chez les enfants – “Ce joli terme pour dire que c’est la pagaille dans nos têtes”, comme le dit Damien, policier à Nice le 14 juillet 2016 -, le professeur Askenazy a créé avec son collègue, Dr. Michèle Battista, un nouveau lieu : le Centre d’évaluation pédiatrique des psychotraumatismes (CE2P), dit Centre Simone-Veil. Situé à côté de l’hôpital Lenval, sur la Promenade des Anglais, là où le camion a commencé son périple meurtrier, il a vu le jour en 2017 et accepte toujours de nouveaux patients. “Il ne faut pas négliger le stress post-traumatique, insiste le professeur Askenazy. C’est une maladie psychologique grave qui a de graves complications. Elle peut détruire une vie, y compris la vie d’un enfant.” Plus de 60% des enfants du 14 juillet souffrent de stress post-traumatique et la moitié d’entre eux sont touchés par “des symptômes avec des troubles, comme la dépression, l’addiction ou des tentatives de suicide”, explique le pédopsychiatre. C’est Michèle Battista qui nous guide dans les couloirs colorés et lumineux de l’unique centre Simone-Veil en France. Depuis son lancement en janvier 2017, le centre a réalisé 7 889 consultations. Aujourd’hui, 692 mineurs sont toujours suivis par les équipes du Dr Batista et les demandes se multiplient à l’approche du procès pour voies de fait. Elle nous fait visiter son bureau qui surplombe la mer et la Promenade des Anglais. Des affiches colorées ornent les murs tandis qu’une série de figurines illuminent le bord de la vitrine, située au milieu du mur, pour que « Prom » soit moins visible. Des fauteuils verts complètent le mobilier. Enveloppés, protecteurs, avec leurs bras larges. “Ils se tiennent même la main”, ont confié plusieurs parents au pédopsychiatre. Car si le centre prend en charge les enfants, il accueille aussi leurs parents pour des séances de suivi. La thérapie familiale fait en effet partie de la pléthore d’outils mobilisés par les groupes médicaux. Le 14 juillet 2016, “on s’est attaqué au fonctionnement de la famille, c’est-à-dire au lien père-mère-enfant”, analyse Florence Askenazy. « Si papa et maman sont dans leurs pensées toute la journée, revivre, comment vont-ils pouvoir s’occuper du petit de trois ans qui repense aussi les choses ? C’est notre capacité à être parent qui a été profondément attaquée.” Florence Ashkénaze chez franceinfo L’enfant reste bien sûr au centre de la prise en charge, avec toute une série de traitements : cognitivo-comportementaux, de relaxation, psychomoteurs… « L’histoire la plus folle que nous ayons eue était liée à la vaccination, se souvient Michèle Battista : Une jeune fille avait des crises de panique tous les le temps que nous essayions d’approcher par la gauche [pour la vacciner]. Et puis, en parlant de cela, il me dit : « Je pense que je sais. Nous n’avons jamais relié le fait que le camion avait effleuré son épaule gauche.” C’est ainsi que les choses se font et les angoisses se dénouent au CE2P : démêler lentement les signaux envoyés par le corps des enfants, qui n’arrivent pas toujours à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Et c’est là aussi qu’on apprend à se contenter de petites victoires : sortir dehors, revoir un camion blanc sans paniquer, retourner à l’école, sortir de l’isolement. Des inquiétudes qui ont parfois touché des enfants qui n’avaient que quelques semaines au 14 juillet 2016, voire à naître. Telyan avait 4 ans lorsque l’attaque a eu lieu. Avec sa sœur aînée, son frère cadet et ses parents, ils s’installent à Saint-Laurent-du-Var, à l’ouest de Nice. Suivant au centre, avec tous ses frères, Telyan a réussi à surmonter ses angoisses. Dit. “Moi, c’est fini, je n’ai plus peur des camions, je n’ai plus peur du noir.” Retour au bureau de Michelle Battista. Dans un coin il traîne une caisse de jouets : Playmobil, voiture de police, hélicoptère, bateaux, ambulance. “Dans chaque bureau, il y a les mêmes jouets. C’est le fil conducteur d’une histoire possible pour ces enfants.” Si une histoire commence dans un bureau à partir d’un jouet, ce jouet devrait être partout, explique la pédopsychiatre. La petite Louise, 7 ans, arrive pour une consultation de suivi, accompagnée de ses parents, Eva et David, et de son petit frère Marius. Mais ce sont surtout ses parents qui ont rendez-vous avec le psychiatre, qui ont encore tant de mal à laisser leur fille s’éloigner d’eux. En cet après-midi du 14 juillet, Louise était dans son landau. Sa mère l’a poussée entre deux palmiers avant de fondre sur elle. Son père a traversé la rue en courant jusqu’à la plage. Eva a été convaincue pendant plusieurs minutes que David était mort, et David ne se pardonne toujours pas d’avoir “abandonné” sa famille. “Grâce à cette séparation, vous êtes toujours ensemble”, souligne Michèle Battista, enveloppant les angoisses parentales de sa voix chaleureuse. De l’autre côté du mur, Louise joue calmement. Les crises d’angoisse ont diminué, son attention à l’école est revenue alors qu’elle s’est fait de nouveaux amis dans la cour de récréation. “Louise est prête à…
title: “Six Ans Apr S L Attentat De Nice Les Enfants Du 14 Juillet Meurtris Mais Vivants Klmat” ShowToc: true date: “2022-11-25” author: “April Woodside”
Amie, 12 ans, “très heureuse”, a été invitée à une soirée pyjama “pour la première fois” avec sa meilleure amie Sherine. Il l’accompagne au feu d’artifice du 14 juillet, tandis qu’Anna et le reste de la famille assistent depuis les hauteurs de Nice. L’air est doux, l’ambiance de la Promenade des Anglais est festive. A 22h22 fin du feu d’artifice. Dix minutes plus tard, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel démarre au “Prom” à toute allure, feux éteints, dans le camion frigorifique blanc de 19 tonnes qu’il a loué.
PODCAST. “Attaque à Nice, les enfants du 14 juillet” Le 14 juillet 2016, un camion s’écrase sur la Promenade des Anglais, tuant 86 personnes, dont 15 mineurs. Alors que le procès s’ouvre, David Di Giacomo est allé à la rencontre de ceux dont la vie a été bouleversée par cet attentat. Un podcast en cinq épisodes à écouter sur franceinfo et l’appli Radio France. A 22h48, Bouchra, la mère de Sherine, a appelé Anne Gourvès : “Elle m’a dit, mot pour mot : ‘Anne, il y a eu une attaque au Prom. Nos filles sont blessées, mon fils est mort.” Anne Gourvès se précipite sur la Promenade des Anglais. Elle se souvient : “C’est inimaginable. Ce que je vois tout de suite, ce sont des cadavres, recouverts de nappes blanches. » Elle finit par voir Amie. Quatre personnes déplacent sa fille, à l’aide d’une couverture, et la mettent dans une voiture de police. « Je suis assise en tailleur à côté. L’amie est blessée, comme si elle était tombée d’un vélo, dit-elle. Elle n’est pas médicamentée, donc ça n’a pas d’importance pour moi.” Amie est décédée aux urgences d’une hémorragie interne. Elle était l’un des 15 enfants qui sont morts cette nuit-là. Au total, 86 personnes ont perdu la vie dans l’attentat de Nice. 434 ont été blessés, dont 42 enfants. Landy, 11 ans, en fait partie. “Dans la vie, quand on se fait percuter par un camion, on n’a pas beaucoup de chance de survivre. On a eu beaucoup de chance de survivre”, confie-t-il sur le podcast “Les enfants du 14-juillet”, au micro de David. Di Giacomo. Parmi les adultes blessés se trouve Stéphanie Marton. Elle était venue au feu d’artifice avec ses cinq enfants. Blessée aux deux genoux, elle n’a pas pu reprendre son travail et marche désormais avec une canne. “Il nous a pris une partie de notre vie, confie cette mère. La suite a été la plus difficile.” La suite est la reconstruction. Stéphanie et ses enfants quittent Nice en direction de Cherbourg. Elle espérait que ses enfants, et surtout ses jumeaux, Matthias et Lazard, retrouveraient en Normandie la paix qu’ils avaient perdue à Nice. Aujourd’hui, plus de six ans après l’attentat, les deux jeunes de 13 ans ne sortent pas seuls. “Dès que je sors, je fais une crise d’angoisse, raconte Matias. Les seules fois, c’est quand j’ai un rendez-vous ou quand je dois sortir le chien.” Et son jumeau Lazard ne dit rien de plus : “Je ne peux pas sortir seul. Dès qu’il y a un camion blanc ou quelque chose comme ça, je m’inquiète.” Suite aux conseils d’un psychiatre, en 2017 la famille adopte la petite Naïa, un jeune labrador. “L’emmener dehors, jouer avec elle dehors, leur a donné envie de sortir un peu. Le chien a beaucoup aidé. Même si ce n’est pas encore ça, il y a mieux”, confie Stéphanie, un peu soulagée. Ces symptômes de stress post-traumatique ne sont pas trop inhabituels après une telle attaque, selon le professeur Florence Askenazy. “Chez les tout-petits, on observe souvent une agitation avec un profil d’enfants hyperactifs, qui peuvent avoir de nombreuses crises de colère ou avoir une mauvaise qualité de sommeil”, explique le chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Lenval de Nice. “Chez les 6-12 ans, on observe plutôt une généralisation des peurs et des angoisses de séparation. Et chez les plus grands, on a plus de symptômes du genre addictions, danger et crises parfois suicidaires.” Pour répondre aux conséquences spécifiques du stress post-traumatique chez les enfants – “Ce joli terme pour dire que c’est la pagaille dans nos têtes”, comme le dit Damien, policier à Nice le 14 juillet 2016 -, le professeur Askenazy a créé avec son collègue, Dr. Michèle Battista, un nouveau lieu : le Centre d’évaluation pédiatrique des psychotraumatismes (CE2P), dit Centre Simone-Veil. Situé à côté de l’hôpital Lenval, sur la Promenade des Anglais, là où le camion a commencé son périple meurtrier, il a vu le jour en 2017 et accepte toujours de nouveaux patients. “Il ne faut pas négliger le stress post-traumatique, insiste le professeur Askenazy. C’est une maladie psychologique grave qui a de graves complications. Elle peut détruire une vie, y compris la vie d’un enfant.” Plus de 60% des enfants du 14 juillet souffrent de stress post-traumatique et la moitié d’entre eux sont touchés par “des symptômes avec des troubles, comme la dépression, l’addiction ou des tentatives de suicide”, explique le pédopsychiatre. C’est Michèle Battista qui nous guide dans les couloirs colorés et lumineux de l’unique centre Simone-Veil en France. Depuis son lancement en janvier 2017, le centre a réalisé 7 889 consultations. Aujourd’hui, 692 mineurs sont toujours suivis par les équipes du Dr Batista et les demandes se multiplient à l’approche du procès pour voies de fait. Elle nous fait visiter son bureau qui surplombe la mer et la Promenade des Anglais. Des affiches colorées ornent les murs tandis qu’une série de figurines illuminent le bord de la vitrine, située au milieu du mur, pour que « Prom » soit moins visible. Des fauteuils verts complètent le mobilier. Enveloppés, protecteurs, avec leurs bras larges. “Ils se tiennent même la main”, ont confié plusieurs parents au pédopsychiatre. Car si le centre prend en charge les enfants, il accueille aussi leurs parents pour des séances de suivi. La thérapie familiale fait en effet partie de la pléthore d’outils mobilisés par les groupes médicaux. Le 14 juillet 2016, “on s’est attaqué au fonctionnement de la famille, c’est-à-dire au lien père-mère-enfant”, analyse Florence Askenazy. « Si papa et maman sont dans leurs pensées toute la journée, revivre, comment vont-ils pouvoir s’occuper du petit de trois ans qui repense aussi les choses ? C’est notre capacité à être parent qui a été profondément attaquée.” Florence Ashkénaze chez franceinfo L’enfant reste bien sûr au centre de la prise en charge, avec toute une série de traitements : cognitivo-comportementaux, de relaxation, psychomoteurs… « L’histoire la plus folle que nous ayons eue était liée à la vaccination, se souvient Michèle Battista : Une jeune fille avait des crises de panique tous les le temps que nous essayions d’approcher par la gauche [pour la vacciner]. Et puis, en parlant de cela, il me dit : « Je pense que je sais. Nous n’avons jamais relié le fait que le camion avait effleuré son épaule gauche.” C’est ainsi que les choses se font et les angoisses se dénouent au CE2P : démêler lentement les signaux envoyés par le corps des enfants, qui n’arrivent pas toujours à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Et c’est là aussi qu’on apprend à se contenter de petites victoires : sortir dehors, revoir un camion blanc sans paniquer, retourner à l’école, sortir de l’isolement. Des inquiétudes qui ont parfois touché des enfants qui n’avaient que quelques semaines au 14 juillet 2016, voire à naître. Telyan avait 4 ans lorsque l’attaque a eu lieu. Avec sa sœur aînée, son frère cadet et ses parents, ils s’installent à Saint-Laurent-du-Var, à l’ouest de Nice. Suivant au centre, avec tous ses frères, Telyan a réussi à surmonter ses angoisses. Dit. “Moi, c’est fini, je n’ai plus peur des camions, je n’ai plus peur du noir.” Retour au bureau de Michelle Battista. Dans un coin il traîne une caisse de jouets : Playmobil, voiture de police, hélicoptère, bateaux, ambulance. “Dans chaque bureau, il y a les mêmes jouets. C’est le fil conducteur d’une histoire possible pour ces enfants.” Si une histoire commence dans un bureau à partir d’un jouet, ce jouet devrait être partout, explique la pédopsychiatre. La petite Louise, 7 ans, arrive pour une consultation de suivi, accompagnée de ses parents, Eva et David, et de son petit frère Marius. Mais ce sont surtout ses parents qui ont rendez-vous avec le psychiatre, qui ont encore tant de mal à laisser leur fille s’éloigner d’eux. En cet après-midi du 14 juillet, Louise était dans son landau. Sa mère l’a poussée entre deux palmiers avant de fondre sur elle. Son père a traversé la rue en courant jusqu’à la plage. Eva a été convaincue pendant plusieurs minutes que David était mort, et David ne se pardonne toujours pas d’avoir “abandonné” sa famille. “Grâce à cette séparation, vous êtes toujours ensemble”, souligne Michèle Battista, enveloppant les angoisses parentales de sa voix chaleureuse. De l’autre côté du mur, Louise joue calmement. Les crises d’angoisse ont diminué, son attention à l’école est revenue alors qu’elle s’est fait de nouveaux amis dans la cour de récréation. “Louise est prête à…
title: “Six Ans Apr S L Attentat De Nice Les Enfants Du 14 Juillet Meurtris Mais Vivants Klmat” ShowToc: true date: “2022-12-04” author: “Waldo Branch”
Amie, 12 ans, “très heureuse”, a été invitée à une soirée pyjama “pour la première fois” avec sa meilleure amie Sherine. Il l’accompagne au feu d’artifice du 14 juillet, tandis qu’Anna et le reste de la famille assistent depuis les hauteurs de Nice. L’air est doux, l’ambiance de la Promenade des Anglais est festive. A 22h22 fin du feu d’artifice. Dix minutes plus tard, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel démarre au “Prom” à toute allure, feux éteints, dans le camion frigorifique blanc de 19 tonnes qu’il a loué.
PODCAST. “Attaque à Nice, les enfants du 14 juillet” Le 14 juillet 2016, un camion s’écrase sur la Promenade des Anglais, tuant 86 personnes, dont 15 mineurs. Alors que le procès s’ouvre, David Di Giacomo est allé à la rencontre de ceux dont la vie a été bouleversée par cet attentat. Un podcast en cinq épisodes à écouter sur franceinfo et l’appli Radio France. A 22h48, Bouchra, la mère de Sherine, a appelé Anne Gourvès : “Elle m’a dit, mot pour mot : ‘Anne, il y a eu une attaque au Prom. Nos filles sont blessées, mon fils est mort.” Anne Gourvès se précipite sur la Promenade des Anglais. Elle se souvient : “C’est inimaginable. Ce que je vois tout de suite, ce sont des cadavres, recouverts de nappes blanches. » Elle finit par voir Amie. Quatre personnes déplacent sa fille, à l’aide d’une couverture, et la mettent dans une voiture de police. « Je suis assise en tailleur à côté. L’amie est blessée, comme si elle était tombée d’un vélo, dit-elle. Elle n’est pas médicamentée, donc ça n’a pas d’importance pour moi.” Amie est décédée aux urgences d’une hémorragie interne. Elle était l’un des 15 enfants qui sont morts cette nuit-là. Au total, 86 personnes ont perdu la vie dans l’attentat de Nice. 434 ont été blessés, dont 42 enfants. Landy, 11 ans, en fait partie. “Dans la vie, quand on se fait percuter par un camion, on n’a pas beaucoup de chance de survivre. On a eu beaucoup de chance de survivre”, confie-t-il sur le podcast “Les enfants du 14-juillet”, au micro de David. Di Giacomo. Parmi les adultes blessés se trouve Stéphanie Marton. Elle était venue au feu d’artifice avec ses cinq enfants. Blessée aux deux genoux, elle n’a pas pu reprendre son travail et marche désormais avec une canne. “Il nous a pris une partie de notre vie, confie cette mère. La suite a été la plus difficile.” La suite est la reconstruction. Stéphanie et ses enfants quittent Nice en direction de Cherbourg. Elle espérait que ses enfants, et surtout ses jumeaux, Matthias et Lazard, retrouveraient en Normandie la paix qu’ils avaient perdue à Nice. Aujourd’hui, plus de six ans après l’attentat, les deux jeunes de 13 ans ne sortent pas seuls. “Dès que je sors, je fais une crise d’angoisse, raconte Matias. Les seules fois, c’est quand j’ai un rendez-vous ou quand je dois sortir le chien.” Et son jumeau Lazard ne dit rien de plus : “Je ne peux pas sortir seul. Dès qu’il y a un camion blanc ou quelque chose comme ça, je m’inquiète.” Suite aux conseils d’un psychiatre, en 2017 la famille adopte la petite Naïa, un jeune labrador. “L’emmener dehors, jouer avec elle dehors, leur a donné envie de sortir un peu. Le chien a beaucoup aidé. Même si ce n’est pas encore ça, il y a mieux”, confie Stéphanie, un peu soulagée. Ces symptômes de stress post-traumatique ne sont pas trop inhabituels après une telle attaque, selon le professeur Florence Askenazy. “Chez les tout-petits, on observe souvent une agitation avec un profil d’enfants hyperactifs, qui peuvent avoir de nombreuses crises de colère ou avoir une mauvaise qualité de sommeil”, explique le chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Lenval de Nice. “Chez les 6-12 ans, on observe plutôt une généralisation des peurs et des angoisses de séparation. Et chez les plus grands, on a plus de symptômes du genre addictions, danger et crises parfois suicidaires.” Pour répondre aux conséquences spécifiques du stress post-traumatique chez les enfants – “Ce joli terme pour dire que c’est la pagaille dans nos têtes”, comme le dit Damien, policier à Nice le 14 juillet 2016 -, le professeur Askenazy a créé avec son collègue, Dr. Michèle Battista, un nouveau lieu : le Centre d’évaluation pédiatrique des psychotraumatismes (CE2P), dit Centre Simone-Veil. Situé à côté de l’hôpital Lenval, sur la Promenade des Anglais, là où le camion a commencé son périple meurtrier, il a vu le jour en 2017 et accepte toujours de nouveaux patients. “Il ne faut pas négliger le stress post-traumatique, insiste le professeur Askenazy. C’est une maladie psychologique grave qui a de graves complications. Elle peut détruire une vie, y compris la vie d’un enfant.” Plus de 60% des enfants du 14 juillet souffrent de stress post-traumatique et la moitié d’entre eux sont touchés par “des symptômes avec des troubles, comme la dépression, l’addiction ou des tentatives de suicide”, explique le pédopsychiatre. C’est Michèle Battista qui nous guide dans les couloirs colorés et lumineux de l’unique centre Simone-Veil en France. Depuis son lancement en janvier 2017, le centre a réalisé 7 889 consultations. Aujourd’hui, 692 mineurs sont toujours suivis par les équipes du Dr Batista et les demandes se multiplient à l’approche du procès pour voies de fait. Elle nous fait visiter son bureau qui surplombe la mer et la Promenade des Anglais. Des affiches colorées ornent les murs tandis qu’une série de figurines illuminent le bord de la vitrine, située au milieu du mur, pour que « Prom » soit moins visible. Des fauteuils verts complètent le mobilier. Enveloppés, protecteurs, avec leurs bras larges. “Ils se tiennent même la main”, ont confié plusieurs parents au pédopsychiatre. Car si le centre prend en charge les enfants, il accueille aussi leurs parents pour des séances de suivi. La thérapie familiale fait en effet partie de la pléthore d’outils mobilisés par les groupes médicaux. Le 14 juillet 2016, “on s’est attaqué au fonctionnement de la famille, c’est-à-dire au lien père-mère-enfant”, analyse Florence Askenazy. « Si papa et maman sont dans leurs pensées toute la journée, revivre, comment vont-ils pouvoir s’occuper du petit de trois ans qui repense aussi les choses ? C’est notre capacité à être parent qui a été profondément attaquée.” Florence Ashkénaze chez franceinfo L’enfant reste bien sûr au centre de la prise en charge, avec toute une série de traitements : cognitivo-comportementaux, de relaxation, psychomoteurs… « L’histoire la plus folle que nous ayons eue était liée à la vaccination, se souvient Michèle Battista : Une jeune fille avait des crises de panique tous les le temps que nous essayions d’approcher par la gauche [pour la vacciner]. Et puis, en parlant de cela, il me dit : « Je pense que je sais. Nous n’avons jamais relié le fait que le camion avait effleuré son épaule gauche.” C’est ainsi que les choses se font et les angoisses se dénouent au CE2P : démêler lentement les signaux envoyés par le corps des enfants, qui n’arrivent pas toujours à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Et c’est là aussi qu’on apprend à se contenter de petites victoires : sortir dehors, revoir un camion blanc sans paniquer, retourner à l’école, sortir de l’isolement. Des inquiétudes qui ont parfois touché des enfants qui n’avaient que quelques semaines au 14 juillet 2016, voire à naître. Telyan avait 4 ans lorsque l’attaque a eu lieu. Avec sa sœur aînée, son frère cadet et ses parents, ils s’installent à Saint-Laurent-du-Var, à l’ouest de Nice. Suivant au centre, avec tous ses frères, Telyan a réussi à surmonter ses angoisses. Dit. “Moi, c’est fini, je n’ai plus peur des camions, je n’ai plus peur du noir.” Retour au bureau de Michelle Battista. Dans un coin il traîne une caisse de jouets : Playmobil, voiture de police, hélicoptère, bateaux, ambulance. “Dans chaque bureau, il y a les mêmes jouets. C’est le fil conducteur d’une histoire possible pour ces enfants.” Si une histoire commence dans un bureau à partir d’un jouet, ce jouet devrait être partout, explique la pédopsychiatre. La petite Louise, 7 ans, arrive pour une consultation de suivi, accompagnée de ses parents, Eva et David, et de son petit frère Marius. Mais ce sont surtout ses parents qui ont rendez-vous avec le psychiatre, qui ont encore tant de mal à laisser leur fille s’éloigner d’eux. En cet après-midi du 14 juillet, Louise était dans son landau. Sa mère l’a poussée entre deux palmiers avant de fondre sur elle. Son père a traversé la rue en courant jusqu’à la plage. Eva a été convaincue pendant plusieurs minutes que David était mort, et David ne se pardonne toujours pas d’avoir “abandonné” sa famille. “Grâce à cette séparation, vous êtes toujours ensemble”, souligne Michèle Battista, enveloppant les angoisses parentales de sa voix chaleureuse. De l’autre côté du mur, Louise joue calmement. Les crises d’angoisse ont diminué, son attention à l’école est revenue alors qu’elle s’est fait de nouveaux amis dans la cour de récréation. “Louise est prête à…
title: “Six Ans Apr S L Attentat De Nice Les Enfants Du 14 Juillet Meurtris Mais Vivants Klmat” ShowToc: true date: “2022-10-27” author: “Ryan Merryman”
Amie, 12 ans, “très heureuse”, a été invitée à une soirée pyjama “pour la première fois” avec sa meilleure amie Sherine. Il l’accompagne au feu d’artifice du 14 juillet, tandis qu’Anna et le reste de la famille assistent depuis les hauteurs de Nice. L’air est doux, l’ambiance de la Promenade des Anglais est festive. A 22h22 fin du feu d’artifice. Dix minutes plus tard, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel démarre au “Prom” à toute allure, feux éteints, dans le camion frigorifique blanc de 19 tonnes qu’il a loué.
PODCAST. “Attaque à Nice, les enfants du 14 juillet” Le 14 juillet 2016, un camion s’écrase sur la Promenade des Anglais, tuant 86 personnes, dont 15 mineurs. Alors que le procès s’ouvre, David Di Giacomo est allé à la rencontre de ceux dont la vie a été bouleversée par cet attentat. Un podcast en cinq épisodes à écouter sur franceinfo et l’appli Radio France. A 22h48, Bouchra, la mère de Sherine, a appelé Anne Gourvès : “Elle m’a dit, mot pour mot : ‘Anne, il y a eu une attaque au Prom. Nos filles sont blessées, mon fils est mort.” Anne Gourvès se précipite sur la Promenade des Anglais. Elle se souvient : “C’est inimaginable. Ce que je vois tout de suite, ce sont des cadavres, recouverts de nappes blanches. » Elle finit par voir Amie. Quatre personnes déplacent sa fille, à l’aide d’une couverture, et la mettent dans une voiture de police. « Je suis assise en tailleur à côté. L’amie est blessée, comme si elle était tombée d’un vélo, dit-elle. Elle n’est pas médicamentée, donc ça n’a pas d’importance pour moi.” Amie est décédée aux urgences d’une hémorragie interne. Elle était l’un des 15 enfants qui sont morts cette nuit-là. Au total, 86 personnes ont perdu la vie dans l’attentat de Nice. 434 ont été blessés, dont 42 enfants. Landy, 11 ans, en fait partie. “Dans la vie, quand on se fait percuter par un camion, on n’a pas beaucoup de chance de survivre. On a eu beaucoup de chance de survivre”, confie-t-il sur le podcast “Les enfants du 14-juillet”, au micro de David. Di Giacomo. Parmi les adultes blessés se trouve Stéphanie Marton. Elle était venue au feu d’artifice avec ses cinq enfants. Blessée aux deux genoux, elle n’a pas pu reprendre son travail et marche désormais avec une canne. “Il nous a pris une partie de notre vie, confie cette mère. La suite a été la plus difficile.” La suite est la reconstruction. Stéphanie et ses enfants quittent Nice en direction de Cherbourg. Elle espérait que ses enfants, et surtout ses jumeaux, Matthias et Lazard, retrouveraient en Normandie la paix qu’ils avaient perdue à Nice. Aujourd’hui, plus de six ans après l’attentat, les deux jeunes de 13 ans ne sortent pas seuls. “Dès que je sors, je fais une crise d’angoisse, raconte Matias. Les seules fois, c’est quand j’ai un rendez-vous ou quand je dois sortir le chien.” Et son jumeau Lazard ne dit rien de plus : “Je ne peux pas sortir seul. Dès qu’il y a un camion blanc ou quelque chose comme ça, je m’inquiète.” Suite aux conseils d’un psychiatre, en 2017 la famille adopte la petite Naïa, un jeune labrador. “L’emmener dehors, jouer avec elle dehors, leur a donné envie de sortir un peu. Le chien a beaucoup aidé. Même si ce n’est pas encore ça, il y a mieux”, confie Stéphanie, un peu soulagée. Ces symptômes de stress post-traumatique ne sont pas trop inhabituels après une telle attaque, selon le professeur Florence Askenazy. “Chez les tout-petits, on observe souvent une agitation avec un profil d’enfants hyperactifs, qui peuvent avoir de nombreuses crises de colère ou avoir une mauvaise qualité de sommeil”, explique le chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Lenval de Nice. “Chez les 6-12 ans, on observe plutôt une généralisation des peurs et des angoisses de séparation. Et chez les plus grands, on a plus de symptômes du genre addictions, danger et crises parfois suicidaires.” Pour répondre aux conséquences spécifiques du stress post-traumatique chez les enfants – “Ce joli terme pour dire que c’est la pagaille dans nos têtes”, comme le dit Damien, policier à Nice le 14 juillet 2016 -, le professeur Askenazy a créé avec son collègue, Dr. Michèle Battista, un nouveau lieu : le Centre d’évaluation pédiatrique des psychotraumatismes (CE2P), dit Centre Simone-Veil. Situé à côté de l’hôpital Lenval, sur la Promenade des Anglais, là où le camion a commencé son périple meurtrier, il a vu le jour en 2017 et accepte toujours de nouveaux patients. “Il ne faut pas négliger le stress post-traumatique, insiste le professeur Askenazy. C’est une maladie psychologique grave qui a de graves complications. Elle peut détruire une vie, y compris la vie d’un enfant.” Plus de 60% des enfants du 14 juillet souffrent de stress post-traumatique et la moitié d’entre eux sont touchés par “des symptômes avec des troubles, comme la dépression, l’addiction ou des tentatives de suicide”, explique le pédopsychiatre. C’est Michèle Battista qui nous guide dans les couloirs colorés et lumineux de l’unique centre Simone-Veil en France. Depuis son lancement en janvier 2017, le centre a réalisé 7 889 consultations. Aujourd’hui, 692 mineurs sont toujours suivis par les équipes du Dr Batista et les demandes se multiplient à l’approche du procès pour voies de fait. Elle nous fait visiter son bureau qui surplombe la mer et la Promenade des Anglais. Des affiches colorées ornent les murs tandis qu’une série de figurines illuminent le bord de la vitrine, située au milieu du mur, pour que « Prom » soit moins visible. Des fauteuils verts complètent le mobilier. Enveloppés, protecteurs, avec leurs bras larges. “Ils se tiennent même la main”, ont confié plusieurs parents au pédopsychiatre. Car si le centre prend en charge les enfants, il accueille aussi leurs parents pour des séances de suivi. La thérapie familiale fait en effet partie de la pléthore d’outils mobilisés par les groupes médicaux. Le 14 juillet 2016, “on s’est attaqué au fonctionnement de la famille, c’est-à-dire au lien père-mère-enfant”, analyse Florence Askenazy. « Si papa et maman sont dans leurs pensées toute la journée, revivre, comment vont-ils pouvoir s’occuper du petit de trois ans qui repense aussi les choses ? C’est notre capacité à être parent qui a été profondément attaquée.” Florence Ashkénaze chez franceinfo L’enfant reste bien sûr au centre de la prise en charge, avec toute une série de traitements : cognitivo-comportementaux, de relaxation, psychomoteurs… « L’histoire la plus folle que nous ayons eue était liée à la vaccination, se souvient Michèle Battista : Une jeune fille avait des crises de panique tous les le temps que nous essayions d’approcher par la gauche [pour la vacciner]. Et puis, en parlant de cela, il me dit : « Je pense que je sais. Nous n’avons jamais relié le fait que le camion avait effleuré son épaule gauche.” C’est ainsi que les choses se font et les angoisses se dénouent au CE2P : démêler lentement les signaux envoyés par le corps des enfants, qui n’arrivent pas toujours à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Et c’est là aussi qu’on apprend à se contenter de petites victoires : sortir dehors, revoir un camion blanc sans paniquer, retourner à l’école, sortir de l’isolement. Des inquiétudes qui ont parfois touché des enfants qui n’avaient que quelques semaines au 14 juillet 2016, voire à naître. Telyan avait 4 ans lorsque l’attaque a eu lieu. Avec sa sœur aînée, son frère cadet et ses parents, ils s’installent à Saint-Laurent-du-Var, à l’ouest de Nice. Suivant au centre, avec tous ses frères, Telyan a réussi à surmonter ses angoisses. Dit. “Moi, c’est fini, je n’ai plus peur des camions, je n’ai plus peur du noir.” Retour au bureau de Michelle Battista. Dans un coin il traîne une caisse de jouets : Playmobil, voiture de police, hélicoptère, bateaux, ambulance. “Dans chaque bureau, il y a les mêmes jouets. C’est le fil conducteur d’une histoire possible pour ces enfants.” Si une histoire commence dans un bureau à partir d’un jouet, ce jouet devrait être partout, explique la pédopsychiatre. La petite Louise, 7 ans, arrive pour une consultation de suivi, accompagnée de ses parents, Eva et David, et de son petit frère Marius. Mais ce sont surtout ses parents qui ont rendez-vous avec le psychiatre, qui ont encore tant de mal à laisser leur fille s’éloigner d’eux. En cet après-midi du 14 juillet, Louise était dans son landau. Sa mère l’a poussée entre deux palmiers avant de fondre sur elle. Son père a traversé la rue en courant jusqu’à la plage. Eva a été convaincue pendant plusieurs minutes que David était mort, et David ne se pardonne toujours pas d’avoir “abandonné” sa famille. “Grâce à cette séparation, vous êtes toujours ensemble”, souligne Michèle Battista, enveloppant les angoisses parentales de sa voix chaleureuse. De l’autre côté du mur, Louise joue calmement. Les crises d’angoisse ont diminué, son attention à l’école est revenue alors qu’elle s’est fait de nouveaux amis dans la cour de récréation. “Louise est prête à…